Le "Statut" fait-il l'artiste?

Qui a dit:
« L’autre jour, je m’amusais, on s’amuse comme on peut, à regarder le programme du concours d’attaché d’administration. Un sadique ou un imbécile, choisissez, avait mis dans le programme d’interroger les concurrents sur La Princesse de Clèves. Je ne sais pas si cela vous est souvent arrivé de demander à la guichetière ce qu’elle pensait de la Princesse de Clèves… Imaginez un peu le spectacle ! »
Nicolas Sarkozy, 23 Février 2007, Lyon

ou encore: "Qu'est-ce qu'on s'emmerde ici?"
Le même, à la comédie française.

Cette déclaration sur la Princesse de Clèves a en partie joué sur la grève dure menée par les enseignants d'université fin d'année 2008-2009.

Il faut y comprendre qu'il est absolument inutile à un fonctionnaire d'avoir des connaissances de littérature "classique". Que cela justifie l'éviction des cursus scolaires et universitaires de matières aussi inutiles et pesantes que les Lettres, anciennes et modernes, le grec, le latin et pléthore d'autres.

Il faut y comprendre que l'Art, en gros, si ça ne se vend pas n'a aucun intérêt.

Bien avant N.S les intermittents du spectacle ont mené de nombreuses luttes pour préserver la (relative) qualité de leur statut (vis à vis de l'indemnisation chômage notamment).

Souvenons nous du festival d'Avignon paralysé, annulé...

Et qui s'en soucie?
A vrai dire les neuf dixième de la population se contrefichent de la reconnaissance des "travailleurs" culturels. Ce qui intéresse les journaux c'est de savoir qui sera un best seller et fera monter les actions de tel éditeur, diffuseur.

Est-ce une utopie de vouloir rendre aux arts une place convenable dans le bagage culturel de chacun?
Vraisemblablement, quand on fait face au paysage culturel populaire et aux valeurs qu'il véhicule on est tentés de dire que le bateau a déjà coulé. Les propos d'une mannequin qui vient de se faire lourder par son petit copain jet setteur font le prime time mais personne n'a lu Salman Rushdie.

Quand vous allez au supermarché il vous arrive de voir un gus déguisé en train de brailler dans le magasin que la promo sur l'article qu'il vend est in.con.tour.na.ble, que si vous ne l'achetez pas vous êtes vraiment le dernier des imbéciles!
La plupart du temps, il s'agit d'un intermittent. Quelqu'un qui essaie de gagner sa croûte parce que son disque, son essai littéraire, ses toiles ne se "vendent pas".

Avec ce cachet il obtiendra sans doute le quota requis pour pouvoir prétendre à une indemnisation chômage relevant du statut des intermittents du spectacle.

Ce qui amène à un constat simple: ce genre de prestation est elle une prestation artistique?
Pourquoi un artiste n'est il reconnu par le corps administratif que s'il parvient à récolter un certain nombre de cachets annuels?

Faire 41 concerts au lieu des 43 vous refuse le statut. Vous avez fait 41 concerts mais vous n'êtes pas un artiste.
C'est pourquoi de nombreux artistes refusent de s'inscrire dans ce statut, tout simplement. Il faut savoir qu'une troupe de théâtre va mettre un an ou deux à préparer son spectacle, avec des horaires quotidiennes qui ressemblent plus à celles d'un plombier ou d'un interne en médecine que celles d'un député. Avec de la chance, ils parviendront à donner quelques représentations, peut-être une tournée et, espérons le, le sacro saint quota de cachets pour obtenir le statut d'intermittent. Mais c'est rarement le cas, donc, on retrouve nos comédiens en train de vendre du fromage à la coupe, déguisé, ce qui satisfait à la conception de l'art pour l'anpe et les assedics.

Tout ce fonctionnement est donc à repenser. Mais comment?
La parole est à celui qui la prendra...